L'Europe sonde son patrimoine

Publié le par MASTER 1 TPE 2006-07 METIERS PATRIMOINES

Trois ministres de la culture, le Français Renaud Donnedieu de Vabres, la Portugaise Isabel Pires de Lima et le Grec Giorgos Voulgarakis, se sont rendus, lundi 19 mars, aux Entretiens du patrimoine - organisés à Paris, cette année sur le thème "Patrimoine de l'Europe, patrimoine européen ?" - pour glaner quelques éléments de réponses - très contrastés - donnés par un sondage Ipsos, réalisé à la demande de la Rue de Valois.

Du 16 au 24 février, dans cinq pays membres de l'Union européenne (l'Allemagne, la France, l'Italie, la Finlande et la Hongrie), 5 023 personnes ont été interrogées, soit un millier pour chaque Etat. Ces derniers ont une base commune (le christianisme), ils ont été traversés par des grands courants culturels identiques qui ont laissé chez eux des traces, notamment dans le domaine de l'architecture (gothique, classicisme, baroque), de la littérature et de la musique (romantisme), sans parler des arts plastiques (les avant-gardes des XIXe et XXe siècles).

Mais avant de répondre aux questions du sondage, il fallait d'abord s'entendre sur la notion même de patrimoine. Or, chacun des pays en a une perception très différente. Les Français l'identifient surtout à des monuments historiques (63 %), loin devant l'histoire et les modes de vie (48 %), la littérature (19 %), la philosophie et les grands courants d'idées (14 %) - le total est supérieur à 100, car plusieurs réponses sont possibles. Les Allemands, en revanche, privilégient l'histoire et les modes de vie (52 %) avant les monuments historiques (38 %), puis la littérature (27 %) et la musique (22 %). Si les Hongrois placent en première ligne l'architecture (51 %), l'histoire et les modes de vie arrivent assez vite après (43 %), ainsi que la littérature (25 %), la musique (28 %) et la peinture (19 %). Surprise pour l'Italie, qui accorde certes la première place à son riche patrimoine bâti, mais avec seulement 38 %. Les Italiens insistent, en ordre dispersé, sur la musique (18 %), l'archéologie (16 %) et la peinture (16 %). Les Finlandais, qui font peu de cas de l'architecture (28 %), préfèrent assimiler le patrimoine à l'histoire et aux modes de vie (42 %), mais aussi à la littérature (26 %) et à la musique (23 %).

Il existe un même clivage assez net sur la notion de définition du "patrimoine européen". Pour le couple France-Allemagne, il s'agit de l'addition de cultures différentes. Pour les trois autres pays, c'est un patrimoine véritablement commun que se partagent les Etats de l'Union. Si tous (83 %) estiment que leur patrimoine singulier fait partie d'un grand tout européen, 70 % des Hongrois pensent que cette "intégration" n'est que partielle.

Les Magyars font d'ailleurs presque toujours cavaliers seuls. C'est ainsi qu'ils ne classent pas les édifices religieux en tête du patrimoine culturel commun à l'Europe - ce que font tous les autres pays. Même attitude vis-à-vis des musées et des châteaux. Les Hongrois privilégient, en effet, les bâtiments contemporains, les sites industriels et les maisons d'habitation. De la même manière, alors que la France, l'Allemagne, l'Italie (massivement) et la Finlande pensent majoritairement que le fait de disposer d'un patrimoine commun peut renforcer leur sentiment d'appartenance à l'Europe, cette opinion n'est partagée que par 11 % des Hongrois. Et ils sont majoritaires pour affirmer, contre les autres Européens, que l'Europe risque de noyer leur patrimoine national dans un magma indistinct. Même méfiance quand on les interroge sur la capacité de l'Union à sauvegarder ou à mettre en valeur les patrimoines nationaux. Est-ce le passé socialiste de la Hongrie ou son arrivée tardive au sein d'une Union saisie par le doute qui induisent ces différences assez nettes ? Il est à noter que tous les pays interrogés - sauf la Hongrie - ont vu une de leurs villes classée "capitale européenne de la culture", ce qui a pu faire émerger une conscience européenne.

Pour concrétiser cet héritage commun, les Etats membres de l'Union ont décidé de créer, les 12 et 13 février, un "label du patrimoine européen" - une initiative française -, sorte de mesure de classement à l'échelle du Vieux Continent. Des sites emblématiques ont été présentés par différents pays. Parmi les premiers retenus : l'Acropole d'Athènes et, pour la France, l'abbaye de Cluny, la maison de Robert Schuman, en Lorraine, et la Cour d'honneur du Palais des papes, à Avignon.

Le Monde 19 Mars 2007

Publié dans Revue de presse

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G
Quelle bonne nouvelle de savoir que nous ne travaillons pas pour rien... le patrimoine est quelque chose de tellement diversifié aujourd'hui qu'on peut certainement trouver un emploi fait ou créer un emploi..<br /> Pour l'heure terminons le mémoire et accèdons à la deuxième année.<br /> A bientot, Giovanni
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B
oui tout cela est très bien et plus même car j'étais aux Entretiens du patrimoine à Paris les 19-21 mars derniers et je dois vous dire que je ne crois pas que le chomage vous guette dan sce domaine d'activités des patrimoines ! je vous en parlerai lors de la guidance du mois d'avril . amitiés à tous j bayon
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