Chaillot: une cité pour l'architecture et le patrimoine

Publié le par MASTER 1 TPE 2006-07 METIERS PATRIMOINES

La Cité de l'architecture et du patrimoine connaît une nouvelle phase d'ouverture en attendant la grande inauguration de septembre.

Le ministre de la Culture et de la Communication le sait, qui a profité du lancement de l'opération « Vivre les villes », lundi 12 mars, pour visiter, sous un ciel radieux et un soleil ardent, le chantier de la Cité de l'architecture et du patrimoine, de ses corridors enfouis à ses terrasses accueillantes.

Aujourd'hui à midi (20 mars), le ministre revient sur les hauteurs pour l'inauguration officielle des trois expositions qui constituent une phase nouvelle de l'ouverture de la Cité au public. Le président de l'institution, François de Mazières en convient, le chantier a pris du retard. S'il ne charge pas l'Établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels, (Emoc), successeur de la mission Grands Travaux qu'avait pilotée avec énergie et détermination Emile Biasini à partir des années 1980, on ne peut ignorer la responsabilité de l'établissement que préside Jean-Claude Dumont, reconduit à son poste le 9 janvier dernier. 

C'est par le pavillon d'about que l'on continuera en partie de pénétrer dans l'immense bâtiment qui, sur 23 000 m², offrira un ensemble unique et très en phase avec les préoccupations du public. L'entrée, côté jardins, rappelle aux cinéphiles l'heureux temps de la Cinémathèque. Et quelle émotion lorsque l'on retrouve la salle, réhabilitée, mais inoubliable dans son si particulier volume... Cette entrée fonctionne depuis plusieurs mois et l'on doit constater que le va-et-vient des élèves de l'École de Chaillot et de leurs professeurs, les visiteurs des premières expositions, l'administration de la Cité, les responsables du chantier, donne le sentiment d'un lieu qui vie. Les vibrations sont bonnes. Désormais, on peut aussi pénétrer par le haut du bâtiment.

François de Mazières, qui est aussi un amateur de théâtre et a créé et continue de porter le « Mois Molière » de Versailles, ressent bien cette palpitation. Ici, on est ennemi des discours prétentieux. On agit. Et, tout en déambulant dans le dédale fascinant d'une aile dont les espaces prennent forme, on l'écoute penser à haute voix. 

Repentirs et reprises 

« L'architecture et le patrimoine se trouvent au coeur des nouveaux enjeux culturels et nous avons donc la chance d'être porté par l'intérêt naturel du public pour ces questions. C'est pour notre établissement un atout et je dois dire que la fréquentation des premières expositions montées sous l'autorité de Francis Rambert, directeur de l'Institut français d'architecture, est de ce point de vue aussi éloquente qu'encourageante. » Le président ne regrette ni les repentirs ni les reprises. Le projet général de réhabilitation de ce qui était le Musée des monuments français, lieu chimérique un peu négligé et des tutelles et des visiteurs, a connu de sévères corrections. Mais on ne peut que s'en féliciter. Aujourd'hui, lorsque l'on suit le mouvement enveloppant de l'aile immense, on comprend combien l'escalier central qui devait desservir les différents niveaux, en plein milieu de la courbe, aurait compromis la lisibilité du bâtiment. « Tout compte lorsque l'on élabore un projet d'une telle ampleur et lorsque l'on réunit des institutions que beaucoup d'incompréhension mutuelle séparait », poursuit le fringant François de Mazières, homme réservé et secret, qui a été le Monsieur Culture du premier ministre Jean-Pierre Raffarin avant d'être nommé à la tête de cet établissement unique au monde.

La Cité tentera de séduire le public en le comblant d'images et d'histoires. Elle lui présentera aussi un des plus grands architectes français, Christian de Portzamparc. 

« J'AI PASSÉ des années à faire des expositions pour un public spécialisé. » Patrice Goulet devait bien se défaire de ses habitudes. Commissaire d'une des toutes premières grandes expositions de la Cité de l'architecture et du patrimoine, il lui fallait dompter de tout autres visiteurs, de ceux que l'on nomme le grand public et qui ne maîtrisent pas forcément le langage des plans et maquettes. . La solution, alors, a été de le faire entrer dans des bâtiments comme on plonge un spectateur dans un film. La Cité, après tout, se trouve dans les murs de l'ancienne Cinémathèque française. Alors, pour l'exposition « Avant-Après », Patrice Goulet a disposé avec l'aide de l'architecte Patrick Bouchain, 24 écrans en dents de scie. Et son frère, Pierre-Marie Goulet, a réalisé 150 films. Pas moins de huit heures d'images. Mais surtout huit heures d'histoires. 

Naissance d'édifices

Pour convaincre le visiteur que l'architecture est une belle aventure, chaque film raconte : « Il était une fois... » un paysage, un terrain, une rue, une dent creuse... devenus une maison, un hôtel, un musée... En quelques minutes, comme dans ces documentaires où l'on voyait une fougère s'épanouir en accéléré, on voit des immeubles se dresser, étage par étage. « Avant-Après » explique ainsi la naissance d'édifices emblématiques ou plus anonymes. « Ce n'est pas le palmarès de la bonne architecture, assure Patrice Goulet. Le seul critère de choix était que le bâtiment devait être généreux. » Francis Rambert, le directeur, à la Cité, de l'Institut français d'architecture, renchérit : « C'est toujours une démonstration positive. On prend à rebours l'idée de » c'était mieux avant ». Là, c'est mieux après. » 

Avec son grand boulevard d'images, « Avant-Après » apparaît comme la bande-annonce de toute la qualité architecturale que la Cité entend vanter au fil des prochaines annéesVêtue de ces très beaux atours, la Cité n'en oublie son rôle de lieu de réflexion. Le public plus averti devrait trouver son compte dans l'exposition consacrée au concours Europan qui, depuis vingt ans, oeuvre à faire émerger les meilleurs jeunes talents européens. 

« Avant-Après Architectures au fil du temps » et « Portzamparc - Rêver la ville », jusqu'au 16 septembre. Entrée pour les deux expositions : 8 eur . Accès par le 45, avenue du Président-Wilson. « Génération Europan, la jeune architecture européenne en projets », jusqu'au 27 mai. Entrée libre, accès par le 7, avenue Albert-de-Mun. Tél. : 01 58 51 52 00. http://www.citechaillot.fr

Le Figaro, le 20 mars 2007

Publié dans Revue de presse

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