Quand l'armée et l'Unesco se dispute Vauban

Publié le par MASTER 1 TPE 2006-07 METIERS PATRIMOINES

L'année Vauban fait étape au Musée de l'armée. L'ingénieur militaire de Louis XIV, qui a élevé la guerre de siège et la science des bastions au rang des beaux-arts, est mort il y a trois cents ans. Le Musée de l'armée, aux Invalides, dresse dans une présentation modeste mais réussie le portrait de Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707), petit hobereau du Morvan fait maréchal de France en 1703, après avoir été promu commissaire général aux fortifications et lieutenant général des armées du roi.

Sur ordre de l'armée que la fortification de Lille, qualifiée de "reine des citadelles" par Vauban lui-même, est absente de la liste de quatorze sites retenue par la France. Motif : "Il y a dans la citadelle un centre de commandement de l'OTAN, jugé incompatible avec les contraintes de l'Unesco par le ministère de la défense", explique Alain Monferrand, président de l'Association Vauban. L'armée s'est aussi opposée au classement de la citadelle de Bayonne, où stationne une unité du commandement des opérations spéciales. Elle a autorisé en revanche l'inscription de Mont-Louis et d'Arras, jugeant leurs garnisons moins sensibles.

Les élus lillois, de leur côté, sont restés muets. Il faut dire que la municipalité a choisi d'adhérer non pas au Réseau des sites majeurs Vauban, qui porte la candidature à l'Unesco, mais au réseau Septentrion, qui réunit des places fortifiées d'Europe du Nord et donne droit à des subsides européens. Sans compter que la présence du stade Grimonprez-Jooris sur le glacis de la citadelle est difficilement acceptable par l'Unesco. On retrouve dans l'exposition du Musée de l'armée la citadelle de Lille et quelques-uns des trois cents sites fortifiés par Vauban. Plans et gravures, canons et armures, manuscrits d'époque témoignent du génie militaire de Vauban, aussi percutant en attaque que solide en défense.

 

Grégoire Allix, Le Monde, le 18 Mars 2007

Publié dans Revue de presse

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